Concepts de prévention
On peut considérer deux types de concept de prévention : le concept de prévention primaire, secondaire et tertiaire, ainsi que le concept de prévention universelle, sélective et indiquée.
Le concept de prévention primaire, secondaire et tertiaire
Dans le cadre de la prévention du suicide, si on simplifie les notions de prévention primaire, secondaire et tertiaire au concept temporel : "avant l'événement" - "l'événement" - "après l'événement", (matrice de Haddon), on se trouve confronté, comme cela était le cas pour les catégorisations des facteurs associés, à des approches différentes. Selon l'appartenance à une certaine discipline (psychiatrie, sciences humaines ou santé publique), l'événement de référence pris en compte ne sera pas le même.
On peut donc mettre en évidence des variations entre l'approche "médicale" et l'approche "de santé publique" dans le cadre du concept de prévention primaire, secondaire et tertiaire. Le tableau ci-dessous illustre ces faits.
Un décalage existe donc entre les deux approches: dans une perspective de santé publique, la prévention primaire commence déjà lorsque l'individu est encore en situation de bien-être, puisqu'elle vise à renforcer les facteurs protecteurs; dans une perspective médicale , la prévention primaire s'intéresse aux individus à risque "préférentiellement ceux qui souffrent d'une pathologie mentale".
Le tableau ci-dessous fait le parallèle entre la définition classique du concept de prévention des maladies primaire, secondaire et tertiaire, et la définition adaptée à la violence dans le "Rapport mondial sur la violence et la santé" de l'OMS.
Le concept de prévention universelle, sélective et indiquée
Dans un rapport réalisé en 1994 sur la recherche en prévention, l'Institute of Medicine de Washington a proposé un nouveau cadre de classification pour la prévention. Au lieu d'utiliser les notions de prévention primaire, secondaire et tertiaire, les auteurs proposent le concept de prévention universelle, sélective (ou prévention choisie) et indiquée. Ce concept se réfère plutôt aux groupes sur lesquels on peut agir plutôt que directement sur l’évènement à prévenir.
- La prévention universelle
Ce type de prévention vise la population générale ou certains groupes (une communauté, les écoles) sans tenir compte des risques individuels. En effet, tous les membres de la population partagent, en principe, au minimum un même « risque général » face à un problème identifié. Des variations, parfois importantes, étant alors observées pour certains individus ou groupes d'individus.
Le but premier de la prévention universelle est de fournir à tous les individus d'une population, de l'information et des compétences pour réduire l'importance du problème visé. Comme exemples de prévention universelle, citons les campagnes médiatiques (radio, télévision, presse écrite) d'information et les programmes de prévention enseignés à tous les élèves d'une école.
- La prévention sélective ou prévention choisie
Ce type de prévention vise les individus que l'on considère comme les plus exposés au problème visé, c'est-à-dire qui présentent un ou plusieurs des facteurs de risque connus. On parle alors de groupes à risque identifiés sur base des facteurs de risque biologiques, psychologiques, sociaux, ou environnementaux connus comme étant associés au problème visé. La prévention sélective concerne le groupe cible en entier parce que le groupe cible dans son ensemble est plus à risque que la population générale.
Ce type de prévention se faisant aussi indépendamment du degré de risque propre à l'individu se trouvant au sein du groupe cible puisque les risques ne sont pas investigués au niveau individuel mais résultent d'une présomption de présence du fait de l'appartenance au groupe cible. Les groupes à risque cibles peuvent donc être, par exemple, les adolescents, les personnes de sexe masculin, les consommateurs de drogues ou les personnes ayant subi des sévices physiques et/ou sexuels.
- La prévention indiquée
Ce type de prévention vise les personnes ayant déjà manifesté un ou des comportements associés au problème visé. Ici, l'intervention se situe au niveau de l'individu et s'intéresse donc à ses propres facteurs de risque.
Citons par exemple, la prise en charge psychiatrique d'un adolescent après une tentative de suicide ou la prise en charge d'un individu manifestant des comportements autodestructeurs.replica
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