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Effet Werther
Le phénomène des grappes de suicides de masse a déjà été observé lors d’événements qui se sont déroulés par le passé. Il a été désigné par un sociologue américain (Phillips) en 1974 sous l’appellation de « L’effet Werther », en référence à l’augmentation dramatique des suicides par arme à feu en Europe, suite à la publication de l’œuvre classique de Johann Wolfgang von Goethe « Les souffrances du jeune Werther ». Ce roman de Goethe, publié en 1774, raconte l’histoire d’un jeune homme qui tombe follement amoureux de Charlotte, jeune fille déjà promise à quelqu’un d’autre et voulant rester fidèle à son fiancé. Werther ne trouvant aucun secours ni solutions à cet amour impossible, décide de mettre fin à ses jours en se tirant une balle dans la tête.
Le récit écrit sous forme épistolaire, dans un style sensible et passionné, accentué par un message très personnel que l’auteur adresse à ses lecteurs, parvient à faire ressentir aux lecteurs un sentiment d’identification orologi replica italia et d’admiration très fort vis-à-vis du jeune Werther, mais également un sentiment de fascination dans l’acte qu’il commettra, voyant là la seule issue possible à la réponse de sa déception sentimentale.
Les détails du suicide du héros (préparation, contenu de la lettre d’adieu, moyen utilisé, conséquences immédiates) y sont par ailleurs racontés avec soin. Peu de temps après la publication de ce roman, des jeunes européens se sont tués de la même façon, allant pour certains jusqu’à porter le même costume que replicas relojes suizos le héros au moment de sa mort. Dans d’autres cas, l’attention fut attirée par le fait que le livre avait été trouvé sur le lieu du décès, à côté de la victime.
Même si le roman fut interdit à la diffusion durant une cinquantaine d’années, il a marqué un tournant dans la conscience collective face au suicide. Celui-ci a gagné une certaine légitimité pour les esprits romantiques, pour qui il devient un choix possible face à un chagrin d’amour (voir "Les Souffrances du jeune Werther" de Goethe).
Ce phénomène de suicides en grappe se retrouve aussi dans des écrits de l’époque antique, les « Suicides des vierges de Mélitus ». Il s’agit de suicides par pendaison, effectués par une série de jeunes femmes vierges. Cette vague de suicides fut stoppée par la communauté, qui décida d’adopter une loi qui condamnait les personnes qui se suicideraient à être exhibées et conduites au cimetière entièrement nues. Il est rapporté que cette mesure stoppa net l’épidémie.
Plusieurs études empiriques menées depuis trois décennies suggèrent que l’exposition de la population à des récits de suicides dans les médias augmente le risque de suicide dans la population.
Il semble que l’effet Werther dépasse les frontières culturelles, puisqu’il a été observé dans plusieurs cultures : en Hongrie, en Allemagne, au Québec, au Japon et aux Etats-Unis. Cela ne signifie pas pour autant que la culture n’a pas d’impact sur le phénomène.
Qu’il s’agisse de récits de suicides réels couverts par la presse écrite ou dans les nouvelles télévisées du soir, et de récits de suicides fictifs, la majorité des études trouvent un lien entre la médiatisation du suicide et la présence ultérieure de grappes. Par contre, l’effet Werther n’est pas observé systématiquement dans toutes les études.
En effet, dans les études épidémiologiques qui comparent des taux de suicide observés dans une région à des moments différents, des variables concurrentes dans les variations des taux de suicide ne sont pas observées: la qualité des services de soins de santé, les conditions socio-économiques, les tendances saisonnières, les congés fériés et les taux de chômage. De tels éléments sociaux sont à eux seuls susceptibles d’expliquer les fluctuations dans les taux de suicide, en dehors du traitement d’histoires de suicide dans les médias.
L’étude de Toussignant et ses collègues (Québec 2005) se démarque de plusieurs autres études sur la question. Ils ont recueilli des preuves plus directes de l’occurrence d’une grappe de masse suite à la médiatisation du suicide du journaliste Gaetan Girouard au Québec. Ils ont identifié des cas de suicides où la même méthode singulière de suicide a été utilisée. L’étude des notes laissées, des journaux personnels, des propos recueillis auprès des proches des personnes suicidées a montré qu’ils faisaient mention de l’impact du suicide du journaliste sur ces personnes. Une augmentation du nombre d’appels aux centres de prévention du suicide a aussi été observée.